L’évolution de la relation homme-animal
Pour éclairer notre pratique de la Médiation Par l’Animal
De tout temps, l’homme a été en relation avec les animaux. Mais certains points de repères dans l’évolution de la relation homme-animal nous permettent de percevoir quels sont les leviers de cet élan à l’interaction qui a fait naître et se développer la Médiation Par l’Animal telle que nous la concevons.
La relation homme-animal, de la chasse à la domestication
A l’origine des temps, la relation homme-animal est surtout affaire de prédation. L’homme chasse les animaux pour se nourrir, et inversement.
Puis progressivement, certains animaux prennent leur place dans la vie des humains. Lorsque l’homme se sédentarise, il domestique les animaux dans son environnement de vie. Il élève ainsi vaches, chevaux, animaux de la basse cours etc.
Dans cette société de plus en plus organisée, le chien (loup) devient le premier partenaire de l’homme. Il permet de collaborer dans la chasse, dans la protection des foyers ainsi que des premiers troupeaux.
A cette époque, seuls les nobles, rares privilégiés de la société, développent une relation homme-animal différente. Une relation axée non plus sur le travail, mais sur les loisirs.
L’usage laisse la place à l’affect
Cette organisation de vie perdure jusqu’au 19ème siècle. Mais avec la Révolution industrielle, les hommes migrent vers les villes et les usines. Dans cette nouvelle activité économique, le recours à l’animal est fortement réduit, voire disparaît.
On s’attendrait alors à ce que les liens avec les animaux diminuent. Pourtant, apparaissent à cette époque des substituts (peluches etc.) qui montrent que le rapport homme-animal dépasse le cadre de l’utilitaire. Le réconfort affectif et la spontanéité sincère de cette relation équilibrent déjà la vie de bien des personnes.
Le rapport homme-animal, une relation spontanée
Cette spontanéité de la relation est mise en avant par Freud en 1937. Le psychanalyste se rend compte que « les enfants n’ont aucun scrupule à considérer les animaux comme leurs semblables à part entière. Ils se sentent davantage apparentés aux animaux qu’à leurs parents, qui peuvent être une énigme pour eux ».
Ce lien et cette spontanéité, nous les retrouvons tout au long de notre vie passée auprès des animaux. On peut d’ailleurs imaginer que les liens que l’on a tissés enfants, même s’ils sont rationalisés à l’âge adulte, maintiennent des représentations affectives fortes et importantes pour notre stabilité et notre équilibre.
L’animal comme source d’apaisement et de mieux-être
Dès la fin du 18ème siècle, certaines personnes commencent à s’intéresser de près à la plus-value des liens entre personnes fragilisées et animaux.
C’est ainsi que l’anglais William TUKE est choqué par les conditions de vie des patients d’un « asile d’aliénés » de la ville de York. Il fonde en 1796 l’institut YORK RETREAT. Il y redéfinit des concepts d’approche de la maladie mentale sur des principes moraux de « la bonté et la considération de l’être humain ».
Il confie alors des lapins et des volailles aux patients et leur demande de s’en occuper au quotidien. Les patients se sentent tout de suite responsables des animaux, mais aussi d’eux-mêmes.
Pour la 1ère fois dans l’histoire, des malades mentaux ne sont plus considérés comme des animaux, mais comme des êtres humains, que l’on peut responsabiliser et valoriser. Tout ceci grâce aux liens affectifs innés qui relient les hommes aux animaux.
Quelques années plus tard, Florence NIGHTINGALE, fondatrice des techniques infirmières, expérimente l’apaisement par le contact animalier.
Durant la guerre de Crimée (1854-1856), elle confie une tortue à des blessés après avoir observé que celle-ci avait la capacité de les réconforter et de diminuer leur anxiété.
L’animal comme « catalyseur social » de l’homme
Dans les années 1950, le pédopsychiatre Boris LEVINSON est le premier à publier des articles sur le rôle bénéfique qu’ont les animaux sur l’état psychique et émotionnel de l’homme.
A l’époque, il suit un enfant avec un autisme qui présente des difficultés pour communiquer. Lors d’une consultation, l’enfant ne remarque pas tout de suite la présence de son chien dans la pièce. L’animal va alors vers le patient qui se met à le caresser. Le contact s’établit entre les deux êtres, alors que le patient restait mutique depuis le début des consultations.
Boris LEVINSON perçoit alors que l’animal agit comme un catalyseur. Il est un médiateur qui apaise le patient. Il l’amène progressivement à s’ouvrir, à parler et à interagir avec son environnement.
La médiation animale se définit concrètement
Dans les années 1980, un groupe de travail composé d’une 10aine de spécialistes d’horizons divers mène des travaux pour établir une définition de la médiation animale. Présidé par le professeur Hubert MONTAGNER (ancien Directeur du laboratoire de psychophysiologie de la Faculté des Sciences de Besançon), voici ce que ce groupe établit :
« La médiation animale est une relation d’aide à visée préventive ou thérapeutique dans laquelle un professionnel qualifié, également concerné par les humains et les animaux, introduit un animal d’accordage* auprès d’un bénéficiaire.
Cette relation, au moins triangulaire, vise la compréhension et la recherche des interactions accordées* dans un cadre défini au sein d’un projet.
La médiation animale est donc un domaine en soi, celui des interactions Homme Animal, au bénéfice des deux (chacun apporte ses ressources à l’autre) ».
Définition protégée par le droit national et international de la propriété intellectuelle. Dépôt INPI.
*Accordage/interactions accordées : ajustement des comportements, des émotions, des affects et des rythmes d’actions. (attunement D.Stern 1982 – 1985)
C’est la stimulation énergisante par le média, “l’envie de faire avec et pour l’animal”, qui permet de (re)trouver le goût d’agir, dans une boucle de partage et de co-construction.
Ainsi, ce sont sur ces bases, associées à l’envie spontanée de collaborer avec l’animal, que doivent se développer les principes de la Médiation Par l’Animal moderne. Et ce sont sur ces principes que se base Umanima pour développer ses protocoles d’accompagnement et de construction de séances.